4. Terrasser le tourbillon du sauveur

Les températures se rafraichissent dans le sud de la France. Malgré quelques chaleurs persistantes, cet air nouveau amène un nouveau cycle dans l’année. La nature se prépare et pourtant j’ai pu apercevoir quelques bourgeons, perdus dans cette incertitude climatique. 

Aujourd’hui, j’aimerais te parler du lien. J’ai appris il y a quelques temps déjà que tout était une question de relation. Relation superficielle ou profonde, relation à l’autre, relation à soi. Comme un fil conducteur portant de l’électricité venant d’un point A à un point B, la relation est portée par la force (voltage) et l’intensité. La force serait pour moi l’énergie qu’on y met pour que cette relation fonctionne. Comme une envie d’être là, présent.e pour l’autre. Et l’intensité : la quantité d’actions, d’attentions que je pourrais avoir pour quelqu’un car je tiens à elle. Dans nos vies les relations se transforment constamment : quand le courant passe, un parfait inconnu peut devenir une connaissance voire un.e ami.e et plus si affinité… et quand le mouvement s’essouffle, le lien peut s’étioler. Les relations se modifient selon les expériences vécues : quand un enfant grandit, qu’un parent vieillit, quand une relation devient une relation à distance, quand des évènements fort rapprochent ou divisent…

Tout est mouvement.

Il se trouve que sur le plan humain, je me trouve actuellement dans une période charnière avec une relation en particulier. Cette relation se transforme et c’est un véritable deuil. Je me suis aperçue que je fournissais beaucoup d’efforts, allouais mon énergie de façon intense et animée. A chaque fois, je mettais ma vie en suspend pour mettre toute mon attention sur l’autre, épris dans un tourbillon. Et ce tourbillon depuis quelques temps s’est intensifié, il y a eu rupture : une prise de conscience de survie. Et j’ai compris que je devais vraiment arrêter de vouloir sauver l’autre. En réalité, nous vivons tous un tourbillon dans nos vies, plusieurs mêmes. Il se présente et c’est un challenge à relever.

 
 

Sauver l’autre de son propre tourbillon n’est-ce pas déplacer ?

Lorsque ce tourbillon apparait pour l’autre qui est adulte, expérimenté, ne lui enlevons-nous pas sa chance de trouver son message ? Il en faut du courage pour affronter un tourbillon. Du courage et de la ressource plus précisément. Ce qui arrive plus souvent qu’on ne l’imagine est que ces ressources sont souvent dissimulées sous une couche d’émotions, ce qui rend difficile de terrasser la tempête.

  • En tant qu’aidant : tu peux aider l’autre à trouver ses propres ressources, l’aider à vivre sa vulnérabilité qui est certes inconfortable mais nécessaire pour vivre son changement. En l’aidant à plonger dans le brouillard pour déceler la lumière au bout du tunnel.

Car sinon, que gagnes-tu en “sauvant” l’autre ?

Maintenant, la question est comment faire quand la personne veut être sauver et non pas aidé ? 

Il y a bien souvent une émotion forte derrière l’absence de courage : de la honte, du dépit, de la peur, qui rappelle des expériences passées et donc des blessures émotionnelles et tout cela devient une charge mentale importante. Si la personne demande de l’aide sous conditions (“cela doit faire ainsi et pas autrement”) : comment procéderais-tu ?

  • Accepterais-tu par gain de paix (une paix illusoire car l’inconfort est présent et se répète). Ou te braquerais-tu ?

  • La personne “victime” t’a-t-elle déjà intégré dans ses schémas, dans ses mécanismes ?

Accueillir ses émotions, demande une grande transparence envers soi-m’aime. Poses-toi les bonnes questions. L’humilité oui, est essentielle, mais fais parler ton égo, surtout si tu le sens effacé puis l’instant d’après en résistance, dans le jugement. Si tu n’y arrives pas, demande de l’aide pour le faire parler. L’égo non-aligné travaille contre soi. Pour le remettre dans son axe, interroge-le. Se bruler pour l’autre surtout quand les choses se répètent, et perdurent alors que tu as des projets, des objectifs ne fais que limiter ton potentiel à ce que tu connais déjà, ce qui lui enlève cette opportunité de te surprendre divinement.

Quelques pistes de reflexion :

  • Pose la situation et l’enjeu dans cette situation, pour toi.

  • Quelle serais la juste place dans laquelle tu te respectes vraiment ?

  • Que te dit-on verbalement ? Qu’est-ce qui t’ai demandé à faire ? Que te demandes-tu de faire par toi-même (sans demande extérieure) pour “aider” ?

  • Toutes demandes non exprimées, toutes initiatives de ta part : efface-les. Tu ne t’aides pas et tu n’aides pas l’autre non plus en lui enlevant ce choix. Si la personne à un besoin, c’est à elle de te le demander.

  • A-t-on réellement besoin de toi ? Si oui, laisse l’autre te demander et libre à toi de dire oui ou non en toute liberté. Et, si non, pourquoi te mets-tu dans un tel état ? Relax :-)

En sortant de la posture de “sauveur” tu te permets de sortir du brouillard, du drame et tu t’autorise enfin l’accès à ta lumière, à tes ressources. Rien ne t’empêche de comprendre la difficulté pour l’autre. Mais ton approche sera beaucoup plus pertinente et fructueuse en maintenant une position ferme et bienveillante.

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3. Ancrage & Fluidité