1. Le développement personnel = Bullshit ?

Souvent, quand on commence à se pencher sur le “dévelopement personnel” c’est dû à une situation insupportable de souffrance vécue que l’on souhaite voir changer. L’objectif étant de : stopper la douleur car la souffrance est perçue comme gênante, agaçante voire insurmontable.

Aujourd’hui je voulais te partager une expérience : la mienne en l’occurence avec ce “gros mot”. Elle vaut ce qu’elle vaut, mais pour moi elle est juste inestimable. Alors oui, je viens de loin, enfant adoptée au parcours multiculturel. Et comme pour beaucoup d’enfants, le fait de venir de loin a amorcé chez moi ce besoin de comprendre ce qui m’entoure : comprendre “le monde”: ses attitudes, ses mécanismes, ses émotions mais surtout ce lien qui me lie à toutes choses. Je me suis souvent dis, que je devais être quelqu’un de dépressif. J’avais du mal à passer à l’action et pensais, pense beaucoup.

Le passage à l’action n’arrivant qu’avec l’épée de Damoclès du délai à tenir. Et quelque chose en moi pendant des années était comme anésthésié. Alors je passais beaucoup de mon temps libre à idéaliser. A scénariser des actions, des réactions qui n’arrivaient jamais. Et si elles arrivaient, je me barricadais. Paradoxalement, j’étais fasciné par l’intelligence émotionnelle. Cette gestion pour laquelle je me trouvais très bonne me paraissait tout aussi lointaine, cela voulait dire quoi exactement être intelligent émotionnellement ?

Pour moi c’était de savoir se gérer, se contrôler, ne pas blesser l’autre dans mes propos car lui même agis selon ses mécanisme. Et naturellement j’ai voulu aidé les personnes autour de moi dans cette gestion. Parrallèlement je ne me trouvais pas légitime. J’avais eu une enfance heureuse, un parcours quasi parfait avec aucun bâton dans les roues. Je ne me trouvais pas légitime.

« J’avais eu une enfance heureuse, un parcours quasi parfait avec aucun bâton dans les roues. Et, je ne me trouvais pas légitime. »

Et puis oui, à un moment donné, il y a eu rupture. C’est intéressant non, ces croyances que l’on peut porter et qui d’un coup sont subit ? C’est intéressant de voir que je m’étais construit une vie qui ne me plaisait pas, qui manquait d’authenticité alors que pourtant personne ne me le demandait. Dans la culture Hindoue, Shiva est le destructeur de l’illusion, la Maya. Et la je crois qu’il me portait sur ses épaules pour faire une loooongue promenade. La seule bouffée d’air frais était le refuge de mon couple.

Quand mon frère est décedé, j’étais en pilotage automatique depuis quelques années déjà. Et d’un coup : tout mon monde s’est détruit, littéralement. Je finissais un contrat, je finissais mes études. Et je me suis retrouvée à faire une réunion familiale pas du tout prévu, dans un contexte de confinement. Je tenais les funérailles de mon frère avec des parents déboussolés et une sœur à l’autre bout du monde. Et ce n’était pas du tout mais alors pas du tout prévu ! Le monde tiens ! Le monde extérieur tournait toujours mais le mien s’était mis en pause et s’embrumait. Je ne voyais plus que l’instant présent. Je ne pouvais même plus penser au lendemain. Qu’était devenue la priorité pour moi ? Ma famille c’est certain, mais surtout, surtout : sortir de cette souffrance insupportable !

Je suis aller voir un professionnel, le bouclier et l’épée brandis au ciel (oui oui, en mode guerrière) : je me sentais toute puissante et enfin ma vie entre les mains. Mais quand la vie a repris son cours j’ai cru devenir folle : folle de rage. Je suis tombée de haut en ressentant cette masse de colère presque incontrôlable. J’étais en colère contre le monde entier : contre mon frère, ma famille et bien sûr contre moi-même. J’avais cette énorme impression de devoir porter tout le monde à bouts de bras. Je me sentais en colère avec moi-même qui ne m’étais pas donné les moyens d’être heureuse, résiliente dans une vie qui tout d’un coup, ne me paraissait plus du tout enviable. Qu’est-ce que je me souhaitais réellement dans cette vie ?

C’est comme ça qu’a débuté mon chemin dans le creux de la vague, endeuillée, au chômage et en perte de repère. J’avais beau avoir eu commencé à méditer à 17 ans et comprendre certains mécanismes humains, je n’avais jamais eu à vivre cette expérience auparavant. Apprendre à rencontrer des aspects de moi heureux et malheureux, conquérents et/ou en résistance. Et puis, j’avais l’impression de devoir apprendre de nouveaux codes. Cette introspection en profondeur, cette rencontre tellement personnelle avec ma vulnérabilité d’humaine pour vivre ma douleur, vivre avec, vivre avec l’envie de tout changer, vivre avec une flamme destructrice dans le coeur, n’était pas confortable du tout.

Et pour moi cher lecteur.rice ceci est un bon exemple de “développement personnel” : c’est une expérience, une rencontre avec soi-même qu’elle soit confortable ou non.

Il s’en ait fallu du temps pour comprendre que tout ces bouquins sur la gestion du stress, sur la gestion des émotions étaient du bullshit en barre dans une situation pareille. Comprendre qu’on ne gère pas ses émotions : on les vit, on les accueille, on les traverse. Comprendre aussi qu’on vit avec un pannel de croyances. Que celles-ci peuvent être aidantes et, à un moment donné entravantes. Comprendre qu’on peut les enlever comme on enlève une chemise pour en mettre une qui nous correspond mieux, là maintenant mais qu’il y a des resistances et des contradictions personnelles. Comprendre qu’il y a des patterns plus difficiles à enlever que d’autres. Comprendre que tout est en nuances en commençant par sa personne. Comprendre que la bienveillance envers soi-même est le plus grand cadeau qu’on puisse se faire. Comprendre que la souffrance apparente d’un évènement peut être le cumul de plusieurs souffrances qu’on ne s’est pas autorisées à vivre. Comprendre que la colère est salvatrice ! Comprendre que voir quelqu’un de “neutre” peut tout changer si l’on s’en donne la liberté.

« Comprendre que la souffrance apparente d’un évènement peut être le cumule de plusieurs souffrances qu’on ne s’est pas autorisées. Comprendre que la colère est salvatrice !  »

Je ne dis pas que les livres n’apportent rien, au contraire, ils permettent de connaitre des méthodes, des astuces pour accompagner nos troubles du quotidien. Je tiens juste a honorer l’efficacité de se retrouver en face d’une personne qui sait accompagner avec bienveillance vers un renouveau.

Alors oui mon cheminement n’a pas commencé en 2020. Les épreuves de la vie arrivent à tout âge. Certaines paraissent plus « facile » : la bataille intérieure paraissant plus simple.

La mort d’un proche n’est pas une case à cocher pour commencer à prendre soin de soi. Elle fait d’ailleurs partie de nos vies, à tout moment qu’elle soit physique ou symbolique. Les émotions et la souffrance sont présentes, subjectives en lien avec nos histoires, nos blessures : que cela soit la mort d’un proche, un déménagement, un changement de travail, une rupture amoureuse ou amicale, conflit familiale… cela peut nous mettre à rude épreuve.

« Il n’y a pas de case a cocher pour commencer à prendre soin de soi. »

Mais parfois, souvent même l’humain à tendance a se contenir. Cette tension est observable comme on dit : il y a le calme avant la tempête. Le stress que nous avons tendance à combattre est un signal. C’est tellement plus serein lorsque l’on prend conscience d’où il prend sa source, libre ensuite de changer quelque chose ou non.

Mentaliser pour mentaliser est une perte de temps et d’énergie. L’intérêt de toutes démarche personnelle est de remettre de la conscience au cœur de ses décisions. Choisir dans quoi et où mettre son énergie. Et comment nous souhaitons vivre notre relation avec Soi et le monde autour. Je t’invite à écrire ces trois questions suivantes sur un bloc note et à y répondre, pour toi-même.

  1. Quelle mort as-tu vécu dans ta vie qui te crispe, te tord le ventre ou qui te fais monter les larmes aux yeux ? (tu peux le raconter à voix haute et si besoin prends toi dans les bras pour te réconforter, ça fait du bien de le faire crois moi !)

  2. Que te souhaites tu vraiment dans ta vie, la maintenant ? (tu peux te faire un top 5 avec en top 1 ce que tu souhaites par dessus tout)

  3. Et quels moyens vas-tu te donner pour le réaliser ? (en transparence avec toi-même : dans tous les cas cet exercice t’appartient)

« Mentaliser pour mentaliser est une perte de temps et d’énergie. L’intérêt de toutes démarche personnelle est de remettre de la conscience au cœur de ses décisions. »

Pour ma part, j’ai réalisé que je voulais vivre ma vie en conscience. Dans une vie que je me souhaitais libérante et apaisée. A la campagne, un semie autonomie, faire mon potager. Accueillir des personnes souhaitant vivre une expérience de leur nature. Alors oui, certains moments sont peut-être inconfortables, mais tout cela se fait en conscience, aligné avec ce qui me fait vibrait, vraiment.

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2. Vulnérabilité ?